Loïc Giaccone – 25 janvier 2022
« Je vous rejoindrais bien sur l’urgence climatique, mais pas sur l’intersectionnalité et autres délires ». C’est en ces termes affirmés qu’un internaute répondait en août 2021 à un tweet du compte officiel d’Europe Écologie Les Verts présentant l’une des conclusions du rapport du groupe I du GIEC, qui venait d’être publié [1][2]. Quelques mois plus tard, l’économiste Jean-Marc Daniel, à l’occasion d’une critique du livre « Criminels climatiques » du journaliste Mickaël Correia, s’interroge : « Quel est le rapport qu’il y a [sic] entre l’intersectionnalité et la situation climatique ? » [3][4].
Des discours de ce type ne sont pas rares, en particulier dans certains médias. Ils marquent cependant une importante méconnaissance à la fois de ce qu’est l’intersectionnalité ainsi que son intérêt en sciences humaines et sociales, et de la problématique du changement climatique. Nous allons voir dans cet article que, non seulement l’intersectionnalité est une matrice indispensable pour analyser les impacts du changement climatique sur les populations, mais aussi, qu’elle est déjà présente depuis des années dans la littérature scientifique sur le changement climatique, et, par conséquent, dans les rapports du GIEC.
Sommaire :
Intersectionnalité et sciences humaines et sociales
Impacts du changement climatique sur les populations : historique
Interaction climat-société, risque climatique
Intersectionnalité et changement climatique
En France, un climat d’inégalités et d’injustice climatique
Conclusion : un cadre pertinent, pour l’adaptation comme l’atténuation
Intersectionnalité et sciences humaines et sociales
L’histoire du concept d’intersectionnalité remonte à deux articles publiés par la juriste américaine Kimberle W. Crenshaw en 1989 et 1991. Elle y menait une réflexion sur le militantisme féministe du point de vue des afro-américaines, par rapport à celui du féminisme « classique » de la classe moyenne blanche. Pour elle, les femmes afro-américaines se retrouvent à l’intersection de plusieurs rapports de domination, à la fois en tant que femmes et en tant que racisées [5][6]. Bien que le terme d’intersectionnalité n’apparaisse qu’au tournant des années 90, des approches militantes que l’on pourrait qualifier d’intersectionnelles ont été observées dès la fin du XIXème siècle dans le contexte colonial de l’époque, comme le montrent les historiennes Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel dans leur étude des féminismes français [7].
D’une notion abordée dans une perspective militante, l’intersectionnalité est devenue, au cours des dernières décennies, un outil d’analyse utilisé dans les sciences humaines et sociales, en particulier en sociologie [8]. L’intersectionnalité permet une analyse approfondie de la façon dont différents rapports de domination induits par différentes formes d’inégalités ne s’ajoutent pas simplement, mais interagissent entre eux, en fonction du contexte observé. Dans un article pour la revue Mouvements, faisant partie d’un dossier dédié à l’intersectionnalité [9], les sociologues Eléonore Lépinard et Sarah Mazouz reviennent sur ses origines et détaillent ce concept :
« La notion d’intersectionnalité vise […] à analyser comment selon les contextes, la classe, ou la race, ou le genre, ou la catégorie de sexualité, ou encore l’âge jouent un rôle déterminant dans la forme que la configuration particulière d’un rapport de pouvoir peut prendre. […] L’intersectionnalité est donc porteuse d’une exigence conceptuelle forte : rendre compte de la complexité et du caractère historique des rapports sociaux. »
De nombreux travaux de vulgarisation permettent de mieux appréhender ce concept, son histoire et ses implications [10][11][12]. Pour résumer, une approche intersectionnelle consiste à étudier les vulnérabilités des populations en raison de leurs caractéristiques, le contexte dans lequel elles se situent, la façon dont elles s’articulent et les rapports de domination qui en résultent.
Impacts du changement climatique sur les populations : historique
Les connaissances scientifiques des conséquences du changement climatique sur les populations ont énormément progressé durant la trentaine d’années qui nous séparent de la publication du premier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, IPCC en anglais), en 1990. Le GIEC a pour mission d’évaluer de manière neutre la littérature scientifique sur le changement climatique publiée à un instant t, afin d’aider à orienter l’action politique [13]. Nous allons observer ici l’évolution de ces connaissances au fil des rapports, en particulier les mentions des déterminants des impacts.
Dans le second rapport d’évaluation, en 1995, de nombreuses incertitudes persistent sur l’évolution du climat, l’origine anthropique du réchauffement ainsi que les conséquences sur les écosystèmes et sociétés humaines. Il est supposé que le changement climatique risque de toucher plus fortement les pays en voie de développement, car il est clair que la vulnérabilité aux impacts est liée au contexte sociétal : « La vulnérabilité de la santé humaine, des systèmes socio-économiques et, dans une moindre mesure, des écosystèmes, dépend des conditions économiques et de l’infrastructure institutionnelle » [14]. Ainsi, le rapport s’inquiète de l’approvisionnement alimentaire de populations déjà menacées : « Les risques de disette alimentaire et de famine peuvent s’accroître à certains endroits. C’est parmi les populations les plus pauvres du monde – notamment celles des régions tropicales et subtropicales qui, dans les zones arides et semi-arides, dépendent de systèmes d’exploitation isolés – que le problème de la faim risque de s’intensifier le plus ».
Le troisième rapport d’évaluation du GIEC, publié en 2001, affirme la responsabilité anthropique pour « la majeure partie » du réchauffement climatique observé. Le second groupe de travail prend l’intitulé et le cadrage qu’il conservera jusqu’à aujourd’hui : conséquences, adaptation et vulnérabilité (le groupe I étant consacré aux éléments scientifiques, le groupe III à l’atténuation du changement climatique). Le Résumé à l’intention des décideurs (RID), qui rassemble les conclusions principales du rapport complet du groupe II, présente plus de détails sur la façon dont les populations sont touchées différemment en fonction de leur diversité [15]. La vulnérabilité est surtout vue au prisme de la différence de possibilité d’adaptation : « La capacité des systèmes humains de s’adapter et de faire face au changement climatique est conditionnée par des facteurs tels que la richesse, les moyens techniques, l’éducation, l’information, les compétences, l’infrastructure, l’accès aux ressources et le potentiel de gestion. Les pays développés et en développement ont la possibilité d’acquérir cette capacité ou de la renforcer. Les populations et les communautés sont très diversement favorisées pour ce qui est des facteurs évoqués ci dessus, et les pays en développement – notamment les pays les moins avancés – sont généralement les plus défavorisés à cet égard. De ce fait, ces pays ont une capacité d’adaptation moindre et sont plus vulnérables aux dommages causés par les changements climatiques – tout comme ils sont plus vulnérables à d’autres contraintes –, et ce sont les couches les plus pauvres de leurs populations qui sont les moins bien loties sous ce rapport ». Également, « […] les plus pauvres subiront de manière disproportionnée les conséquences de l’évolution des phénomènes climatiques extrêmes ».
Le quatrième rapport d’évaluation du GIEC est publié en 2007. Le rapport du groupe II indique que de nombreux travaux ont été faits pour analyser les différences d’impacts du changement climatique en fonction des régions et des populations, à la fois pour le présent et le futur. Le Résumé à l’intention des décideurs indique [16] : « Plusieurs facteurs sont susceptibles d’amplifier la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques, notamment la pauvreté, l’accès inégal aux ressources, l’insécurité alimentaire, la tendance à la mondialisation de l’économie, les conflits en cours et l’incidence de maladies telles que le VIH/SIDA, sans oublier les dangers climatiques déjà présents ». Le Résumé technique, plus développé que le RID, précise : « Dans tous les pays, les populations les plus à risque sont les pauvres en milieu urbain, les personnes âgées et les enfants, les sociétés traditionnelles, les agriculteurs de subsistance, et les populations des zones côtières ». On y trouve également la première mention d’une distinction de genre dans un résumé, signe que des travaux commencent à étudier cet aspect : « La capacité d’adaptation est inégalement répartie dans et entre les sociétés. Il y a des individus et des groupes qui, au sein des sociétés, disposent d’une capacité d’adaptation insuffisante pour s’adapter au changement climatique. Par exemple, les femmes qui travaillent au sein d’une agriculture de subsistance supportent un poids disproportionné dû aux coûts de réparation et de survie en cas de sécheresse en Afrique australe ».
Interaction climat-société, risque climatique
Avec l’essor des recherches sur le changement climatique et ses conséquences sur les populations au cours des années 90 et 2000, la complexité de l’interaction entre une société donnée et son climat est de mieux en mieux connue et comprise. Chaque région a un climat spécifique, et celui-ci fait partie des différents éléments qui ont contribué à l’évolution des sociétés qui s’y sont installées et y vivent. Cette interaction peut aller dans les deux sens, le climat local pouvant être modifié de manière plus ou moins directe et plus ou moins forte par l’influence anthropique, par exemple dans le cas d’une déforestation trop massive, qui peut provoquer un climat plus sec. Également, les sociétés ont toutes des caractéristiques bien distinctes, de taille, de gouvernance, d’organisation, de cultures, de croyances, etc., et sont composées de populations, groupes et entités divers et variés. Ainsi, lorsque le climat – spécifique, donc – d’une région change, les différents impacts ne vont pas toucher de la même manière tous les membres d’une communauté ou d’une société, en raison des nombreuses différences et inégalités qui les traversent.
Entre le quatrième et le cinquième rapport d’évaluation du GIEC, publié en 2014, le nombre de travaux sur les impacts et l’adaptation a doublé, comme le montre la figure 1-1 du chapitre 1 du groupe II ([17] ; elle montre également les inégalités entre régions au sein de la recherche sur le changement climatique, un phénomène encore largement d’actualité [18]) :
Il est désormais clair que le changement climatique est avant tout un catalyseur agissant sur des situations socioéconomiques déjà difficiles, et non un élément venant perturber une situation auparavant stable et paisible : « Souvent le changement climatique tend surtout à ajouter de nouvelles dimensions et complications à des défis déjà bien connus », mentionne la préface du rapport du Groupe II [19]. À partir de ce rapport, la notion de risque climatique devient centrale dans l’approche et la gestion du changement climatique. La première page du Résumé pour les décideurs présente un cadrage permettant d’analyser ce risque dû au changement climatique, qui est encore aujourd’hui celui de référence :
Pour qu’il y ait un risque, il faut qu’il y ait un enjeu (« quelque chose ayant une valeur pour l’être humain », d’après le glossaire du GIEC [20]). Il peut être aussi bien un écosystème, une espèce, une société ou une composante de cette société (population, infrastructure, individus, etc.). Le risque climatique, pour cet enjeu, est caractérisé par la conjonction de trois éléments présentés dans la figure :
– La probabilité de survenue d’aléas climatiques (événements extrêmes, modification du cycle hydrologique, élévation du niveau marin, etc. – les travaux d’attribution permettant d’évaluer leur lien avec le changement climatique),
– Son exposition à ces aléas (la possibilité qu’il soit touché par leur survenue, par exemple le fait d’être plus ou moins proche du littoral vis-à-vis de la montée des eaux),
– Sa vulnérabilité.
En changement climatique, les termes utilisés ont des définitions bien précises. Celles-ci sont présentées et mises à jour dans les glossaires des rapports du GIEC. Voici les définitions de l’exposition et de la vulnérabilité dans le glossaire du groupe II [20 – le rapport distingue et détaille plusieurs types de vulnérabilités, contextuelle, principale et résultante] :
En revenant au schéma précédent, on comprend qu’il y a deux manières principales et complémentaires de réduire le risque dû au changement climatique : limiter la fréquence et l’intensité de survenue des aléas en limitant le réchauffement par la réduction des émissions de gaz à effet de serre (l’atténuation), et diminuer l’exposition et la vulnérabilité des enjeux (l’adaptation – il y a également plusieurs types d’adaptation, voir le glossaire [20]).
Avec ce cadrage, il devient plus facile d’observer et comprendre comment les différences et inégalités au sein des populations interagissent avec le changement climatique. Plus une population est exposée à des aléas, et plus elle est vulnérable, plus elle est à risque. Les facteurs qui déterminent ces expositions et vulnérabilités sont nombreux et peuvent s’additionner ou s’articuler entre eux.
Intersectionnalité et changement climatique
La première mention de l’intersectionnalité comme outil d’analyse des vulnérabilités et de l’exposition au risque climatique dans une publication du GIEC remonte au Rapport spécial sur les événements extrêmes, publié en 2012. Les rapports spéciaux sont établis durant les cycles d’évaluation, et leurs conclusions servent à l’élaboration des rapports d’évaluation. Dans le Résumé pour les décideurs du rapport [21], on retrouve une version préliminaire du cadrage du risque évoqué précédemment, ainsi que les conclusions suivantes : « L’exposition et la vulnérabilité fluctuent dans le temps et dans l’espace en fonction de paramètres économiques, sociaux, géographiques, démographiques, culturels, institutionnels, politiques et environnementaux (degré de confiance élevé). Les personnes et les populations sont plus ou moins exposées et vulnérables selon les inégalités exprimées par le niveau de richesse et d’instruction, les handicaps éventuels ou l’état de santé, ainsi que selon le sexe, l’âge, la classe et d’autres particularités sociales et culturelles ». Le lien entre les différents types d’inégalités au sein des populations et le risque climatique, au travers de l’exposition et la vulnérabilité, se précise.
Le concept d’intersectionnalité est abordé succinctement dans le cœur du chapitre 2, dédié aux déterminants du risque, l’exposition et la vulnérabilité [22] : « […] il est important de considérer non seulement les différences entre des catégories uniques (par exemple, entre les femmes et les hommes) mais aussi les différences au sein d’une catégorie donnée (par exemple, « les femmes »). Cela fait référence à l’intersectionnalité, où, par exemple, le genre peut être une variable significative mais seulement lorsqu’il est allié à la race/ethnicité ou à une autre variable ». La suite du paragraphe donne l’exemple de l’ouragan Katrina, où des distinctions d’impacts en fonction de différentes catégories (race, âge, classe et genre) ont été observées. Le cas de Katrina fait également l’objet d’un encadré dédié au chapitre 5 du rapport [20].
En 2014, le rapport d’évaluation du groupe II va développer ces notions. Elles sont synthétisées ainsi dans le Résumé pour les décideurs [19]* : « Les différences de vulnérabilité et d’exposition résultent de facteurs de stress non climatiques et d’inégalités multidimensionnelles souvent causés par un développement inégal (degré de confiance très élevé). Ces différences déterminent les risques différentiels dus au changement climatique (voir figure RID.1 [mentionnée précédemment]). Les populations qui sont marginalisées sur le plan social, économique, culturel, politique, institutionnel ou autrement sont particulièrement vulnérables au changement climatique ainsi qu’à certaines stratégies d’adaptation et d’atténuation (éléments disponibles moyens, degré de cohérence élevé). Cette vulnérabilité accrue est rarement attribuable à une cause unique; elle est plutôt due à l’interaction de processus sociaux qui provoque l’inégalité du statut socio-économique et des revenus ainsi que du degré d’exposition. Ces processus sociaux incluent par exemple la discrimination fondée sur le sexe, la classe sociale, l’ethnie, l’âge et l’état physique ».
Pour résumer, le risque climatique ne diffère pas seulement en fonction des impacts climatiques, de leur localisation et de leur nature (événements extrêmes, élévation du niveau marin, etc.,), mais aussi, voire surtout, en fonction des caractéristiques des populations touchées. Un même aléa climatique, par exemple, un cyclone, n’aura pas les mêmes conséquences à Bordeaux et à Hô Chi Minh-Ville, en raison des fortes différences de vulnérabilité et d’exposition des deux villes. De plus, les différentes populations qui les constituent ne seront également pas touchées de la même manière en raison de leurs expositions et vulnérabilités respectives.
Inégalités multidimensionnelles, interaction de processus sociaux… Le mot intersectionnalité lui-même n’est pas présent directement dans le Résumé (il l’est dans le chapitre dédié), mais c’est bien une analyse intersectionnelle dont il est ici question afin d’observer les différences de vulnérabilité et d’exposition des populations au risque climatique. Car, au vu des nombreux critères, il n’est pas possible d’avoir une compréhension des phénomènes et leurs conséquences si l’on ne prend en compte que l’un d’entre eux. Dans le Résumé technique [19], un encadré entier est dédié à cette question, intitulé « Dimensions multiples de l’inégalité et de la vulnérabilité face au changement climatique ». Il est accompagné de la figure suivante, qui illustre comment l’interaction de différentes inégalités caractérise la vulnérabilité des différentes populations au risque climatique :
Les différentes formes d’inégalités et leurs interactions déterminent le statut d’une population. Plus une population est privilégiée, plus ses capacités et possibilités d’adaptation au changement climatique sont élevées. À l’inverse, plus une population est marginalisée, plus ses capacités sont réduites, et sa vulnérabilité, multidimensionnelle, augmentée. L’encadré complet reprend le texte précédemment cité du Résumé à l’intention des décideurs, puis complète :
« […] Pour parvenir à comprendre les différences de capacités et de possibilités entre les individus, les ménages et les communautés, il faut étudier les interactions des différents facteurs sociaux déterminants, qui peuvent se rapporter à certains contextes ou être assemblés de différentes façons (ex.: classe sociale et ethnie d’un côté et sexe et âge de l’autre). Rares sont les études qui décrivent l’ensemble du spectre des processus sociaux qui interagissent et les différentes façons suivant lesquelles ils contribuent à une vulnérabilité multidimensionnelle au changement climatique. »
Cela illustre la complexité et la difficulté d’analyser comment les différents déterminants socio-économiques formant les inégalités interagissent entre eux et ainsi, modifient le risque climatique encouru par la population étudiée. C’est tout l’enjeu et l’intérêt de l’approche intersectionnelle. La suite de l’encadré donne plusieurs exemples tirés du rapport complet (les mentions entre crochets correspondent aux chapitres du rapport détaillant ces différents exemples, où l’on pourra retrouver les études sources) :
La figure de l’encadré provient du chapitre 13, partie 13.2.1.5. « Multidimensional Inequality and Vulnerability », qui détaille plusieurs des exemples présentés ci-dessus [23]. On y trouve également un autre encadré très complet dédié aux inégalités de genre en changement climatique (Box 13-1, « Climate and Gender Inequality: Complex and Intersecting Power Relations »). Voici un extrait avec le premier paragraphe, illustrant l’absolue nécessité d’une approche intersectionnelle et la quantité d’ores et déjà élevée d’études publiées à l’époque sur ces questions (le GIEC évalue ainsi comme « robuste » le niveau de preuve [17, Box 1-1]) :
Le Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées, publié en 2019, réaffirme l’intérêt de cette approche dans la recherche sur les impacts du changement climatique sur les populations [24]. On retrouve cela dans le chapitre 1 (section 1.4.2 « Gender agency as a critical factor in climate and land sustainability outcomes »), et au chapitre 7, dans l’encadré inter-chapitres 11 :
Comme on peut le voir dans les références de l’extrait ci-dessus, plusieurs travaux traitant de ces questions ont été publiés ces dernières années. Depuis un article « fondateur » publié en 2014 et faisant une première synthèse de l’approche intersectionnelle en changement climatique [25], les travaux utilisant explicitement l’intersectionnalité pour étudier des cas concrets, ou bien décrivant ses apports dans l’analyse des impacts du changement climatique, ont été de plus en plus nombreux [26][27][28][29][30][31][Liste non exhaustive : 32]. Le prochain rapport du groupe II du GIEC, qui devrait être publié fin février 2022, évaluera et synthétisera ces dernières publications [33].
En France, un climat d’inégalités et d’injustice climatique
Malgré l’idéal républicain égalitaire et universaliste français, le pays n’échappe pas aux inégalités et discriminations [34]. Au niveau du changement climatique, l’association Notre Affaire à Tous effectue une revue de presse détaillée sur les inégalités climatiques, en France et dans le monde [35]. En décembre 2020, l’organisation a publié un rapport complet sur le sujet, intitulé « Un climat d’inégalités » [36]. Y sont présentées et analysées les vulnérabilités des différentes catégories de population en France : classes sociales, populations racisées (minorités ethniques et peuples autochtones), âge, genre, ainsi que les inégalités territoriales.
Le rapport présente d’autres formes d’inégalités environnementales que les inégalités d’exposition et de vulnérabilité définissant le risque climatique. Il y a des inégalités d’accès à la nature, des inégalités dans les impacts faits à l’environnement, des inégalités dans l’accès à la décision et enfin des inégalités « induites par les politiques climatiques qui interviennent lorsque les actions d’atténuation ou d’adaptation amplifient les inégalités sociales ». Ces différentes formes d’inégalités peuvent toutes être analysées en fonction de leurs déterminants sociologiques, c’est-à-dire selon une approche intersectionnelle. La vision d’ensemble de ces différentes inégalités décrit une injustice climatique criante : les catégories sociales les plus aisées sont les plus émettrices de gaz à effet de serre, tandis que les catégories sociales les plus défavorisées sont les plus vulnérables aux impacts et sont les plus touchées par les mesures fiscales mises en place.
L’approche intersectionnelle des déterminants de ces différentes formes d’inégalités pourrait permettre, notamment dans le cas des inégalités dues à la mise en place de politiques climatiques, d’orienter la décision politique en vue d’effectuer une « transition juste », l’un des objectifs de la Stratégie Nationale Bas-Carbone [37], dont le Haut Conseil pour le Climat a tenté de définir les contours dans son rapport annuel de 2020 [38]. Le National Adaptation Plan (NAP) Global Network, une entité mise en place en 2010 par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et chargée de promouvoir la mise en place de plans nationaux d’adaptation, insiste sur l’importance d’avoir une approche intersectionnelle dans l’élaboration de ces plans [39] :
« Les facteurs intersectionnels, tels que l’âge, la race, l’origine ethnique et l’orientation sexuelle, doivent être pris en compte dans les NAP [plans nationaux d’adaptation] car ils influent sur la manière dont les personnes sont vulnérables au changement climatique et, par conséquent, sur leurs besoins d’adaptation. En se penchant sur les obstacles particuliers auxquels les personnes sont confrontées et en examinant comment ils exacerbent leur vulnérabilité au changement climatique, les PAN peuvent réduire les risques climatiques pour les personnes les plus vulnérables tout en s’attaquant aux inégalités systémiques. »
Également, dans son rapport annuel de 2020, le Haut Conseil pour le Climat plaide pour « une attention accrue aux inégalités » [38]. Cette partie reprend le schéma du risque climatique du GIEC et fait le lien entre politiques climatiques, inégalités multidimensionnelles et impacts du changement climatique* :
« Les conséquences sociales des politiques climatiques fondées sur le principe pollueur-payeur tiennent moins à leur type (taxe, norme ou subvention) qu’à leur caractère unidimensionnel : les dispositifs sont adossés aux émissions de GES. Ils laissent donc de côté les caractéristiques des populations, acteurs ou territoires, alors que celles-ci ont des effets majeurs sur les vulnérabilités aux impacts du changement climatique. Ils ne sont donc pas en mesure d’anticiper les réactions des acteurs aux effets inégalitaires des politiques d’atténuation.
Appuyer la répartition des efforts et coûts de la transition sur la seule prise en compte des émissions n’inclut pas les causes structurelles de certaines émissions ou les effets négatifs qui vont frapper ceux qui sont déjà les plus vulnérables aux impacts du changement climatique. Cette vulnérabilité recoupe en partie les inégalités intersectionnelles, c’est-à-dire le cumul structurel des inégalités au sein des populations et entre populations plus ou moins développées économiquement. Cette seule prise en compte des émissions se révèle rapidement inéquitable. De plus, elle est possiblement inefficace compte tenu des contraintes qui pèsent sur les populations et les entreprises.
Les liens causaux entre inégalités et vulnérabilité au changement climatique sont avérés. Les inégalités, quelle que soit leur nature (revenu, genre, âge, structure familiale, etc.) expliquent en partie les différentiels d’exposition et de sensibilité aux dommages, ainsi que les inégales capacités individuelles et collectives à y faire face.
En outre, le changement climatique risque de créer de nouvelles inégalités. Il exacerbe déjà (et risque d’exacerber encore davantage) certaines inégalités existantes. Pour ces raisons, la réduction des inégalités doit pleinement entrer dans le champ des politiques climatiques, comme en témoignent les chapitres 3 et 5 du rapport spécial du GIEC de 2018, renforcé par les rapports spéciaux de 2019 sur les terres émergées (SRCCL) et sur les océans et la cryosphère (SCROCC). Cette prise en compte est d’autant plus indispensable que les changements à long terme sont inéluctables et que l’augmentation des inégalités intergénérationnelles en découle mécaniquement.
Le Haut conseil pour le climat souligne par conséquent le fait que, si la transition bas-carbone n’a pas vocation – et encore moins la capacité – à répondre à toutes les questions d’inégalités et de justice qui se posent au sein de la société française, la prise en compte de ces inégalités est déterminante pour construire une transition juste. »
Conclusion : un cadre pertinent, pour l’adaptation comme l’atténuation
Ce qui ressort de ces travaux et des différentes conclusions des rapports du GIEC ou du Haut Conseil pour le Climat, c’est que l’intersectionnalité n’est pas un simple outil d’analyse qui s’avère utile dans l’étude des impacts du changement climatique sur les populations. En raison de la façon dont le changement climatique interagit avec les sociétés, et des différentes structures et organisations des sociétés, une approche intersectionnelle, tenant compte de la diversité des populations et des impacts, est intrinsèquement nécessaire pour appréhender la complexité de ces interactions.
À noter que, dans cet article, nous nous sommes concentrés sur les approches intersectionnelles des impacts du changement climatique, sans rentrer précisément dans le détail des résultats des études publiées – ce sera pour une autre fois, probablement à l’occasion de la sortie du rapport du groupe II du GIEC dans le cadre de l’AR6. La littérature scientifique sur ces questions est d’ores et déjà assez importante, comme mentionné dans les sources [25] à [32]. Également, nous avons mis de côté les – très – nombreux articles de recherche étudiant les inégalités climatiques au prisme d’un déterminant particulier. Par exemple, pour donner un ordre d’idée, l’excellent média Carbon Brief a publié en 2020 une synthèse des travaux étudiant les différences d’impacts du changement climatique entre hommes et femmes au niveau de la santé. Cette cartographie a repris les résultats de pas moins de 130 études. Parmi elles, 89 montraient des impacts plus importants chez les femmes [40]. D’autres déterminants restent cependant peu traités, comme le handicap [41].
Rendez-vous en février et mars 2022 pour les publications des rapports des groupes II et III du GIEC dans le cadre du sixième cycle d’évaluation, afin d’avoir la synthèse des nombreux travaux récents. Nul doute qu’il y aura de nombreux éléments à découvrir, comprendre et analyser, et que l’approche intersectionnelle des impacts du changement climatique sera à nouveau plus approfondie. La littérature scientifique est désormais très complète concernant les impacts du changement climatique passés et actuels, cependant, il y a encore du travail concernant les projections futures ainsi que les politiques climatiques, afin d’identifier les leviers susceptibles de permettre à la fois une réduction des émissions de gaz à effet de serre et des inégalités.
Il y a également du travail pour que les connaissances scientifiques que nous venons de voir, pourtant présentes jusque dans les Résumés pour les décideurs des rapports du GIEC depuis des années, soient connues et reconnues au-delà des sphères des chercheur.es spécialisé.es sur ces questions, et de quelques militant.es comme les membres de l’association Notre Affaire à Tous. La vulgarisation scientifique et la communication sur le changement climatique restent encore bien trop cantonnées au seul « climat » et aux conclusions du groupe I, tout en réduisant généralement l’atténuation au prisme techniciste énergétique. Or, le changement climatique, c’est avant tout une histoire de sociétés qui agissent de manière différenciée sur leur climat, climat qui les impacte ensuite de manière différenciée, avec des conséquences différenciées sur les populations en fonction de leurs caractéristiques. Cela pose d’importantes questions « d’équité et de justice », comme le mentionnait le Résumé du cinquième rapport d’évaluation du GIEC [42]. Comprendre cela, ainsi que les différents déterminants, tout comme la complexité des interactions et phénomènes, est tout aussi important que le nombre de grammes de CO2 émis par kilowattheure pour tel ou tel mode de production d’électricité.
Merci à Emma Novel, Pauline Smith et Paul Mauger pour leurs relectures attentives.
*Mentions soulignées en gras provenant du document d’origine.
Sources et références
Introduction
[1] Source : https://twitter.com/meyber69/status/1424731046491348997
[2] IPCC AR6 WGI : https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/
[3] Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète, Mickaël Correia, 2022 : https://www.editionsladecouverte.fr/criminels_climatiques-9782348046773
[4] BFM BusinLe duel des critiques: Mickaël Correia vs Frédéric Charillon, émission La librairie de l’éco, présentée par Emmanuel Lechypre – 21/01 : https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/la-librairie-de-l-eco/le-duel-des-critiques-mickael-correia-vs-frederic-charillon-21-01_VN-202201210532.html
Intersectionnalité et sciences humaines et sociales
[5] Pour une définition de la notion de personne racisée : https://liguedesdroits.ca/lexique/personne-racisee-ou-racialisee/ ; définition du Robert : https://dictionnaire.lerobert.com/definition/racise
[6] Sur l’utilisation du concept de racialisation en sciences humaines et sociales, le dossier en trois parties de La Vie des Idées, Polémiques et controverses autour de la question raciale : https://laviedesidees.fr/Polemiques-et-controverses-autour-de-la-question-raciale.html
[7] Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, 2020 : https://www.editionsladecouverte.fr/ne_nous_liberez_pas_on_s_en_charge-9782348055614
[8] L’Intersectionnalité : enjeux théoriques et politiques, Farinaz Fassa, Eléonore Lépinard, Marta Roca i Escoda (2016) : https://ladispute.fr/catalogue/lintersectionnalite-enjeux-theoriques-et-politiques/
[9] Mouvements, des idées et des luttes, dossier intersectionnalité : https://mouvements.info/intersectionnalite/
[10] Pour l’intersectionnalité, Eléonore Lépinard et Sarah Mazouz : https://anamosa.fr/livre/pour-lintersectionnalite/
[11] Politikon, C’est quoi l’intersectionnalité ? Capsule #14 : https://www.youtube.com/watch?v=Kf1a25mKNHw
[12] Game of Hearth, FÉMINISME – Universalisme Vs. Intersectionnalité : https://www.youtube.com/watch?v=NEaoPZaWaBY
Impacts du changement climatique sur les populations : historique
[13] Le rôle, le fonctionnement et la méthodologie du GIEC sont détaillés dans la vidéo du Réveilleur, Comprendre le GIEC et ses rapports : https://www.youtube.com/watch?v=C_UTlTiVQ_0
[14] GIEC Deuxième rapport d’évaluation, Changements climatiques 1995, 3.3 : “Les changements climatiques d’origine humaine représentent une contrainte supplémentaire notable, surtout pour les nombreux écosystèmes et systèmes socio-économiques déjà touchés par la pollution, l’exigence croissante de ressources et les pratiques de gestion non durable. La vulnérabilité des systèmes sanitaires et socioéconomiques – et, dans une moindre mesure, des écosystèmes – dépend des conditions économiques et de l’infrastructure institutionnelle. Il s’ensuit qu’en général, les systèmes sont plus vulnérables dans les pays en voie de développement, où les conditions économiques et institutionnelles sont moins favorables.”
[15] GIEC Bilan 2001 des changements climatiques : Conséquences, adaptation et vulnérabilité ; Résumés du Groupe de travail II : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/03/wg2sumfrench.pdf
[16] GIEC Bilan 2007 des changements climatiques : Conséquences, adaptation et vulnérabilité ; Résumés du Groupe de travail II : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2020/02/ar4-wg2-sum-vol-fr.pdf
Interaction climat-société, risque climatique
[17] GIEC 2014 AR5 WGII Chapter 1, Point of departure : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WGIIAR5-Chap1_FINAL.pdf
[18] Carbon Brief, Analysis: The lack of diversity in climate-science research, 2021: https://www.carbonbrief.org/analysis-the-lack-of-diversity-in-climate-science-research
[19] GIEC Changements climatiques 2014, Incidences, adaptation et vulnérabilité ; contribution du groupe II, Résumés, foire aux questions et encarts thématiques : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/03/WGIIAR5-IntegrationBrochure_fr-1.pdf
[20] GIEC 2014 AR5 WGII Glossary FR : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/AR5_WGII_glossary_FR.pdf
Intersectionnalité et changement climatique
[21] GIEC 2012 Rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique, RID FR : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/03/IPCC_SREX_FR_web-1.pdf
[22] GIEC 2012 Special Report Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation ; partie 2.5.4.1.,« Intersectionality and other dimensions » ; « Box 5-6 Race, Class, Age, and Gender: Hurricane Katrina Recovery and Reconstruction ») : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/03/SREX_Full_Report-1.pdf
[23] GIEC 2014 AR5 WGII Chapter 13, livelihood and poverty: https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WGIIAR5-Chap13_FINAL.pdf
[24] GIEC 2019 Special Report on climate change, desertification, land degradation, sustainable land management, food security, and greenhouse gas fluxes in terrestrial ecosystems : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2019/11/SRCCL-Full-Report-Compiled-191128.pdf
[25] Kaijser and Kronsell (2014), Climate change through the lens of intersectionality : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/09644016.2013.835203
[26] 2014, Andrea J. Nightingale, A socionature approach to adaptation: political transition, intersectionality, and climate change programmes in Nepal : https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315774657-19/socionature-approach-adaptation-political-transition-intersectionality-climate-change-programmes-nepal-andrea-nightingale
[27] 2017 Noémi Gonda, Revealing the patriarchal sides of climate change adaptation through intersectionality A case study from Nicaragua : https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9781315661605-11/revealing-patriarchal-sides-climate-change-adaptation-intersectionality-no%C3%A9mi-gonda
[28] 2017, Mungai et al., Uptake of Climate-Smart Agriculture Through a Gendered Intersectionality Lens: Experiences from Western Kenya : https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-49520-0_36
[29] 2019 Hanson Nyantakyi-Frimpong, Unmasking difference: intersectionality and smallholder farmers’ vulnerability to climate extremes in Northern Ghana : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0966369X.2019.1693344
[30] 2020 Walker et al., Applying intersectionality to climate hazards: a theoretically informed study of wildfire in northern Saskatchewan : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14693062.2020.1824892
[31] 2021, Singleton et al., Intersectionality and climate policy-making: The inclusion of social difference by three Swedish government agencies : https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/23996544211005778
[32] Liste non exhaustive ; google.scholar “climate change intersectionality”, 2014-2021 : https://scholar.google.fr/scholar?q=climate+change+intersectionality&hl=fr&as_sdt=0%2C9&as_ylo=2014&as_yhi=2021
[33] IPCC AR6 WGII : https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-ii/
En France, un climat d’inégalités et d’injustice climatique
[34] Observatoire des inégalités, rapport 2021 : https://www.inegalites.fr/Rapport-sur-les-inegalites-en-France-edition-2021
[35] Revue de presse IMPACTS, Notre Affaire à Tous : https://notreaffaireatous.org/actions/impacts-la-revue-de-presse-des-inegalites-climatiques/
[36] Notre Affaire à Tous, Un climat d’inégalités, les impacts inégaux du changement climatique en France : https://notreaffaireatous.org/wp-content/uploads/2020/12/InegalitesClimatiques_rapport.pdf
[37] Ministère de la transition écologique, SNBC : https://www.ecologie.gouv.fr/strategie-nationale-bas-carbone-snbc
[38] Haut Conseil pour le Climat (HCC), Rapport annuel 2020, partie 4.1 “Agir pour une transition juste” : https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2020/07/20210330_hcc_rapports_annuel-2020.pdf
[39] NAP Global Network, Why Gender Matters for Effective Adaptation to Climate Change : https://napglobalnetwork.org/2021/08/gender-effective-adaptation-climate-change/
Conclusion : un cadre pertinent, pour l’adaptation comme l’atténuation
[40] Carbon Brief, Mapped: How climate change disproportionately affects women’s health, 2020 : https://www.carbonbrief.org/mapped-how-climate-change-disproportionately-affects-womens-health
[41] Le Climatoscope, Les personnes handicapées dans le contexte de la crise climatique, 2021 : https://climatoscope.ca/article/les-personnes-handicapees-dans-le-contexte-de-la-crise-climatique/
[42] AR5 SYR SPM FR : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/SYR_AR5_FINAL_full_fr.pdf