Loïc Giaccone – 12 décembre 2022
Si vous suivez l’actualité du changement climatique, il est possible que vous ayez déjà vu passer une figure de ce style : sur une courbe montrant l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, ont été placées différentes étapes de la gouvernance climatique telles que la signature de la convention climat, le protocole de Kyoto ou encore, l’accord de Paris. La plupart du temps, pour des raisons diverses et variées, cette représentation a pour but de démontrer l’inutilité, ou l’échec, de la tentative de gestion du changement climatique par les institutions internationales et les gouvernements.
Cette présentation de la situation est cependant problématique, voire fallacieuse, car elle masque un certain nombre d’éléments qui permettent d’avoir une vision bien plus nuancée de l’évolution de la lutte contre le changement climatique, en particulier du rôle de la gouvernance climatique faite sous l’égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Nous allons analyser cela dans cet article. Nous commencerons par présenter différentes versions de cette représentation que l’on peut trouver, et le message associé. Puis nous reviendrons sur l’évolution conjointe de la gouvernance climatique et des connaissances scientifiques : il est nécessaire de connaître ce que l’on savait à l’époque et ce qui a été décidé pour évaluer la situation actuelle. Nous questionnerons ensuite l’utilisation de la concentration de CO2 comme indicateur des avancées de la gouvernance climatique, ainsi que la signification du succès ou de l’échec de celle-ci. Nous présenterons alors les résultats de travaux étudiant l’évolution des émissions passées et des projections, par rapport aux objectifs. Ces travaux montrent que des progrès significatifs ont été faits, bien qu’ils restent encore largement insuffisants. Enfin, nous synthétiserons les questions abordées durant les COPs, qui permettent de mieux comprendre l’importance et la complexité des négociations, ainsi que les différents points de blocage : répartition des responsabilités, transferts financiers, pertes et préjudices, etc. Ces sujets sont fondamentaux pour les pays et populations peu émetteurs et fortement vulnérables et qui luttent pour l’application de la justice climatique. Dans une dernière section, nous analyserons plus en détail les propos de Jean-Marc Jancovici sur les COPs et la gouvernance climatique.
Sommaire :
1. Une démonstration simple et marquante
2. Retour en arrière : gouvernance climatique et rapports du GIEC
4. Émissions passées et trajectoires futures : des évolutions significatives et quantifiées
6. Conclusion : des progrès, encore beaucoup de chemin, et des incertitudes
Bonus : Jancovici, les COPs et les médias
1. Une démonstration simple et marquante
C’est une figure efficace, qui parle d’elle-même : elle a pour base ce qu’on appelle la courbe de Keeling, du nom du chercheur qui a mis en place les premiers relevés dans les années 60. Elle représente l’évolution de la concentration de CO2 atmosphérique, en augmentation depuis le début des mesures. Sur cette courbe, les auteurs placent différentes étapes de la gouvernance climatique : la signature de la Convention climat, le protocole de Kyoto, l’échec de Copenhague, l’accord de Paris, etc. Force est de constater qu’au fil des années, la courbe continue de monter, mais en plus, à un rythme de plus en plus rapide. Dans certaines versions, il y a également les publications des rapports d’évaluation du GIEC, ou bien l’ensemble des conférences des parties (COPs). Cette représentation, que l’on retrouve jusque dans des publications scientifiques, entend démontrer de manière simple et efficace l’échec de la gestion du problème climatique. Souvent, c’est le processus onusien, c’est-à-dire la CCNUCC et les COPs annuelles ainsi que les gouvernements qui y participent, qui sont critiqués : ces événements seraient inutiles, trop lents et complexes, ne menant à rien de concret, etc. Une version plus récente, ajoutant les fameuses « climate stripes » pour montrer l’évolution conjointe de la température, a eu un franc succès, comme dans ce post de l’économiste décroissant Timothée Parrique. Il y paraphrase Greta Thunberg, en parlant de « quarante ans de blah blah blah ».

Un exemple de ce type de figure, qui est parfois aussi présentée par les adversaires des politiques climatiques, comme ici Net Zero Watch (ex-GWPF), un organisme conservateur britannique au passif climatosceptique
Si ce discours vous dit quelque chose, c’est peut-être aussi parce qu’en France, le consultant et expert Jean-Marc Jancovici utilise régulièrement une figure similaire dans ses conférences, celles-ci faisant des centaines de milliers, voire des millions de vues sur Youtube.
Jean-Marc Jancovici, conférence à Genève, 17 septembre 2020
Ainsi, dans une conférence donnée à Science Po en août 2019 et cumulant 3,7 millions de vues, Jean-Marc Jancovici est clair : « Ce sont toutes [les COPs] des échecs, puisque ça augmente tout le temps ». Dans une autre conférence donnée à l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris en septembre 2020, il déclare que « l’évolution de la quantité de CO2 dans l’air est totalement indifférente à ce qui peut se raconter dans les négociations annuelles sur le climat », et que « ce n’est pas de là que viendra la solution ». Quelques jours avant à Genève, il indiquait à son audience que « ça ne sert à rien, ou plus précisément, ça ne sert à rien de disruptif ». Cette figure lui permet également d’introduire son fameux cours sur le changement climatique à Mines Paris Tech. Il égratigne souvent au passage la couverture médiatique des sommets, comme dans une conférence donnée à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne : « Le succès ou l’échec d’une COP ne tient qu’à ce que le journal aura envie d’en dire. Mais rien d’autre. C’est juste l’envie du journaliste de dire que c’est un succès ou un échec ».
Mais alors, si tout ça ne sert à rien, pourquoi des milliers des personnes, parmi les plus qualifiées au monde sur le changement climatique, travaillent à l’année dans le but de préparer ces rendez-vous internationaux, et font le déplacement à chaque fois ? Nous allons voir qu’il y a bel et bien des raisons, et que la réalité est un peu plus nuancée que les présentations précédentes. Pour cela, nous allons d’abord revenir sur les différentes étapes de la gouvernance climatique et l’évolution des connaissances scientifiques.
2. Retour en arrière : gouvernance climatique et rapports du GIEC
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été établi en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), avec pour but de fournir une évaluation des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat, les causes et les stratégies possibles pour y faire face. Il a rendu son premier rapport en 1990. À l’époque, les travaux scientifiques ne permettent pas d’évaluer si le réchauffement observé est le fait des activités humaines ou de la variabilité naturelle du climat. Cependant, la science du climat indique déjà clairement que les températures augmenteront avec la poursuite des émissions, d’une ampleur dépendant du scénario poursuivi et de la réaction du système climatique, avec des conséquences pouvant être désastreuses à long terme. C’est sur cette base de connaissances que sera signée par les pays du monde la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) durant le Sommet de Rio, en 1992. Son « objectif ultime », mentionné à l’article 2, est de « stabiliser […] les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». C’est un objectif puissant, mais dont plusieurs termes restent à définir : qu’est-ce qu’une « perturbation dangereuse » ? Comment l’évaluer ? Et, par conséquent, à quel niveau faut-il stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre ? Ces questions complexes occupent les scientifiques, experts et diplomates au cours des années suivantes. Également, sous la pression des pays en développement, la convention consacre le principe des « responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives » (CBDR-RC) : il est unanimement reconnu que tous les pays sont responsables du changement climatique, mais dans des proportions bien différentes, avec des possibilités bien distinctes pour y faire face en termes d’atténuation des émissions et d’adaptation aux impacts.
Le second rapport du GIEC, en 1995, indique que la responsabilité anthropique dans le réchauffement est décelable, mais difficilement quantifiable. Il permet tout de même d’appuyer les négociations menant à la signature du protocole de Kyoto en 1997. Cet accord est vu comme un succès par certains car il présente des objectifs quantifiés de réduction absolue des émissions, il est contraignant et il présente une approche top-down de répartition de l’effort entre les pays concernés, c’est-à-dire les pays développés et les pays « en transition » de l’ex-URSS. D’autres sont plus critiques : l’ambition est limitée (baisse de 5% des émissions par rapport à 1990 pour ces pays), les mécanismes de marché sont peu efficaces, la mise en œuvre est lente (2005, pour une période allant de 2008 à 2012). Surtout, bien que l’objectif de réduction ait été atteint pour les pays signataires, le bilan est mitigé en raison du refus des États-Unis de ratifier l’accord, suivi du retrait du Canada. Pour plus de détails, nous vous renvoyons au chapitre 3 de « Gouverner le climat », de Stefan Aykut et Amy Dahan.
Le troisième rapport du GIEC, en 2001, conclut que « la majeure partie » du réchauffement observé est dû aux activités humaines. L’essor des travaux sur les impacts permet aussi de mettre l’accent sur la nécessité de l’adaptation, en parallèle de l’atténuation des émissions. Dans ce rapport, pour la première fois, le GIEC présente une évaluation de ce que pourrait représenter une « perturbation anthropique dangereuse du système climatique » en référence à l’objectif de la Convention, via cinq « motifs d’inquiétude », qui seront réévalués au fil des rapports suivants. Ils sont représentés à droite sur la figure suivante, en comparaison de l’élévation de température associée à différents scénarios d’émissions « business as usual » (sans politiques climatiques implémentées – attention, la période de référence pour la température est centrée sur 1990 et non sur l’ère préindustrielle) :

Figure SPM-2 du Rapport de synthèse du troisième rapport du GIEC, 2001 ; pour la dernière version du sixième rapport, voir la figure SPM.3 du résumé du rapport du groupe 2
Le quatrième rapport, publié en 2007, accentue encore la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Il détaille également la réaction à long terme du système climatique, et il devient clair qu’une stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre, en particulier du CO2, n’est pas suffisante pour stabiliser la température, ce qui permettrait de limiter l’accentuation d’une partie des impacts. Ces éléments appuient l’évolution des négociations vers un objectif défini par un seuil de température plutôt qu’un niveau de concentration de CO2. L’attente est forte pour la COP15, à Copenhague, en 2009 : celle-ci doit établir un nouveau cadre qui prendra le relais du protocole de Kyoto, en intégrant cette fois tous les pays. La COP15 est un échec : les délégations et groupes de pays ne parviennent pas à s’entendre autour des travaux préparatoires, qui comportent de nombreux points d’achoppement. Ils sont mis de côté et une poignée de dirigeants ayant fait le déplacement rédigent dans l’urgence un court texte qui, pour la première fois, ne sera pas signé par l’ensemble des Parties. Il y a une seule avancée notable : les pays signataires actent de ne pas dépasser le seuil de +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Cependant, comme l’expliquent Stefan Aykut et Amy Dahan, « aucun engagement chiffré d’objectifs de réduction, aucun mécanisme contraignant ou aucune mesure de vérification ne sont mentionnés dans le texte », et aucun horizon temporel n’est précisé pour ce seuil (« Gouverner le climat », chapitre 8).
Un gros travail diplomatique sera fait pendant les années suivantes afin de tirer les conclusions de l’échec de Copenhague et de préparer ce qui deviendra l’accord de Paris. Tout d’abord, il y a une évolution vers une approche ascendante (« bottom-up »), où les pays présentent des « Contributions déterminées au niveau national » (CDNs), c’est-à-dire des engagements climatiques officiellement soumis à la CCNUCC, plutôt que d’essayer de répartir et imposer l’effort de manière descendante (« top-down »). Le GIEC a publié en 2013-2014 son cinquième rapport d’évaluation, qui réaffirme de manière encore plus forte le rôle anthropique dans le réchauffement et voit une évolution importante du nombre de travaux sur les impacts du changement climatique et l’adaptation (voir la figure 1.1, chapitre 1, AR5). Ces éléments scientifiques seront mobilisés pendant les difficiles négociations de la COP21, et permettront aux pays insulaires d’imposer la mention d’un objectif de température plus ambitieux dans le texte final. L’accord de Paris mentionne ainsi l’objectif de maintenir la température « nettement en dessous de 2 °C », tout en « poursuivant l’action » pour 1,5 °C. L’accord traite des sujets principaux de la gouvernance climatique : atténuation bien sûr, mais aussi transparence (pour la déclaration des émissions), adaptation, aides financières, etc. L’architecture de l’accord présente un mécanisme de renforcement des ambitions, les pays devant soumettre des engagements climatiques réhaussés tous les cinq ans, avec un système de suivi durant les COPs, et un bilan mondial régulier (« Global Stocktake »).
Afin d’établir des politiques climatiques permettant d’atteindre ces objectifs, il est nécessaire de savoir quelles trajectoires d’émissions doivent être suivies pour avoir une certaine chance de les respecter, en fonction des incertitudes climatiques. Dans ce but, le GIEC reçoit la commande d’un rapport spécial sur un réchauffement de +1,5 °C, qui sera publié en 2018. Celui-ci indique que, pour respecter le seuil de 1,5 °C, les émissions mondiales nettes de CO2 doivent être égales à zéro en 2050, et en 2070 pour 2 °C. Les rapports annuels successifs du PNUE sur l’écart entre les émissions, les engagements et les objectifs montrent que les trajectoires sont loin d’être suffisantes.
Cette figure, provenant du GIEC, représente l’évolution conjointe des connaissances scientifiques sur le climat et des principales décisions prises dans le cadre de la gouvernance climatique
La COP26 marquait une étape importante de la mise en œuvre de l’accord de Paris, avec le renforcement des contributions des pays, prévu tous les cinq ans. Cependant, les engagements des Parties de la convention ne permettent pas de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Nous reviendrons plus loin sur les trajectoires actuelles des politiques climatiques, des engagements et leur évolution.
Cette section avait pour but de revenir sur l’évolution des connaissances scientifiques qui ont pour objet d’informer les pays pour la mise en place de politiques climatiques, et des décisions prises en conséquence. Si la possibilité du rôle anthropique dans le changement climatique observé était déjà mentionnée dans le premier rapport du GIEC, et bien que l’on ait eu des rapports sur le sujet dès la fin des années 70, ce rôle n’a pu être quantifié qu’à partir du troisième rapport, publié en 2001. Nous noterons également que c’est la mise en place du processus onusien qui est à l’origine de la création du GIEC et d’une part significative de l’essor des publications scientifiques sur le changement climatique, qui permettent de connaître, comprendre et suivre l’évolution de la situation. Dans le même temps, la gouvernance climatique onusienne a fourni un cadre d’échange et de négociations pour l’ensemble des pays du monde, où chacun a une voix, y compris les plus petits pays. L’objectif « ultime » reste le même depuis 1992 : empêcher une « perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Dans ce but, les pays ont acté en 2015 de limiter le réchauffement « nettement en dessous de 2 °C », en poursuivant les efforts pour 1,5 °C. Nous allons maintenant voir comment évaluer l’atteinte de ces objectifs.
3. La concentration de CO2 comme indicateur de réussite – ou d’échec – de la gouvernance climatique ?
Dans sa conférence à Science Po fin août 2019, Jean-Marc Jancovici exposait son habituelle figure et interrogeait son public : « Quand vous avez en physique une expérience dont vous voyez que le résultat est indépendant de la valeur d’une variable, vous en tirez comme conclusion que cette variable n’intervient pas dans le résultat de l’expérience ». Cette métaphore, qu’il utilise régulièrement à ce sujet, lui permet de conclure assez simplement que les COPs ne servent à rien, comme le CO2 continue de s’accumuler dans l’atmosphère.
Quel est le problème avec cette présentation ? Tout d’abord, que l’expérience n’est pas finie. En fait, elle ne fait que commencer : le changement climatique est un problème qui va nous occuper pour des décennies, voire des siècles. La formulation de l’objectif dit « de long terme » de l’accord de Paris est le résultat d’un compromis diplomatique qui a permis d’obtenir la signature de l’ensemble des Parties. Cette formulation ambiguë signifie d’une part que le réchauffement doit rester « nettement en dessous de 2 °C », et d’autre part que l’on poursuivra les efforts pour 1,5 °C. Cela laisse au moins deux choses sujettes à interprétation :
– Ce que signifie « nettement en dessous », alors que chaque dixième de degré compte vis-à-vis des impacts ou de l’éventuel déclenchement de tipping points,
– Le dépassement éventuel du seuil de 1,5 °C, avant de revenir en dessous plus tard (trajectoires dites « avec dépassement », voir la FAQ 2.1 du Rapport Spécial 1.5).
Dans les deux cas, bien qu’il y ait une urgence absolue au niveau des actions à entreprendre, nous n’y sommes pas encore. D’après l’Organisation météorologique mondiale, il y a 50% de chances qu’une des cinq prochaines années dépasse 1,5 °C. Cela ne voudra cependant pas dire que le réchauffement aura atteint ce seuil, qui est calculé comme une moyenne sur plusieurs années. Ainsi, les débats sur le fait que ce seuil est déjà atteint ou « perdu » continueront encore quelques années (pour plus de détails, voir les éléments scientifiques les plus à jour sur ce sujet : la section 3 de cette note, la section dédiée du dernier rapport du projet Constrain). Le rapport du groupe 1 du GIEC d’août 2021 présentait une évaluation du franchissement potentiel des seuils de l’accord de Paris en fonction de différents scénarios d’émissions – les SSPs. Le seuil de +1,5 °C devrait être dépassé, quel que soit le scénario suivi, au début des années 2030s. Le scénario le plus ambitieux en termes de réduction dans ces projections, le SSP1-1.9, présente un dépassement à +1,6 °C, avant de revenir en dessous de 1,5 °C en fin de siècle (il est à noter qu’il y a aussi des scénarios sans dépassement, qui nécessitent des réductions plus fortes et rapides des émissions, catégorie C1 du rapport du groupe 3). Le seuil de +2 °C est dépassé en début de seconde moitié du siècle dans les scénarios les plus émetteurs, et il ne l’est pas dans les scénarios les moins émetteurs. Toutes ces projections sont soumises à des incertitudes élevées, en fonction de la réaction du système climatique.
Avant d’analyser notre courbe de concentration de CO2, il nous faut revenir sur quelques notions climatiques sur le rôle du CO2 et les liens entre émissions et concentration. Le CO2 est effectivement une variable importante pour le changement climatique : il y a une relation linéaire entre les émissions cumulées et l’élévation de température. Les émissions anthropiques de CO2 perturbent l’état d’équilibre qui prévalait à l’ère préindustrielle, provoquant une réaction des puits naturels, végétation et océans, qui capturent aujourd’hui environ la moitié du CO2 émis annuellement par les activités humaines. L’autre moitié s’accumule dans l’atmosphère, augmentant la concentration atmosphérique. La représentation classique est celle de la baignoire qui se remplit progressivement : tant que l’on remplit plus vite la baignoire que ce qu’il en sort, la concentration, c’est-à-dire le niveau de l’eau, continue d’augmenter. Lorsqu’on commence à baisser les émissions de CO2, c’est-à-dire lorsqu’on commence à diminuer le débit du robinet, la concentration continue d’augmenter tant que les émissions ne deviennent pas inférieures à ce que les puits naturels capturent. C’est pour cette raison que, même avec la baisse de plusieurs pour cent des émissions de CO2 en 2020 due à la pandémie, la concentration a tout de même augmenté. Depuis, les émissions sont reparties à la hausse, alors qu’il faudrait qu’elles diminuent chaque année. Les modèles climatiques indiquent qu’une fois les émissions nettes de CO2 égales à zéro, la concentration continue de baisser en raison de la poursuite de l’action des puits naturels – pour un temps -, tandis que la température se stabilise (mais ne baisse pas en raison de l’inertie thermique des océans).
Revenons à notre courbe de concentration de CO2 atmosphérique. Celle représentée dans les figures que nous mentionnions repose sur des données factuelles et valides. D’après le groupe 1 du GIEC, le niveau de la concentration de CO2 est le plus élevé depuis 2 millions d’années. Et il est hélas clair que l’augmentation de la concentration en CO2 s’accélère, comme le montre la figure ci-dessous, provenant d’un article de Carbon Brief (l’oscillation provient de la variation saisonnière due à la végétation) :

Cependant, l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, bien que déjà entamée comme nous le verrons plus loin, concerne essentiellement l’avenir. La différence au niveau de la courbe de concentration entre les différents scénarios, du plus ambitieux en réduction au plus émetteur, ne devient distinguable qu’au cours de la prochaine décennie, avant de présenter une divergence de plus en plus franche dans la seconde moitié du XXIème (voir notre article sur l’inertie du climat pour plus de détails sur ce sujet). Voici la projection de la concentration en CO2 en fonction des scénarios SSPs, provenant du rapport du groupe 1 du GIEC (AR6, Technical Summary, Box 5, Figure 1) :

Les scénarios SSP1-1.9 et SSP1-2.6 limitent le réchauffement à, respectivement et en estimation centrale, +1,4 °C et +1,8 °C en 2100. Le premier induit une baisse de la concentration de CO2 dès les années 2040, le second, durant la seconde moitié du siècle. Le scénario SSP2-4.5 mène à un réchauffement de +2,7 °C en fin de siècle, avec un début de stabilisation de la concentration et une poursuite du réchauffement par la suite. Les SSP3-7.0 et SSP5-8.5 mènent à +3,6 °C et +4,4 °C, une hausse qui se poursuit fortement au XXIIème siècle. Ces deux derniers scénarios sont des scénarios dits « de référence », sans aucune politique climatique mise en place (voir « reference scenario » dans le glossaire du GIEC). Ils permettent d’avoir une idée des trajectoires que pourrait suivre un monde sans aucune gouvernance climatique, ni globale, ni locale. Cette figure présente ainsi une vision intégrale d’un échec complet ou d’une réussite totale de la gouvernance climatique : nous n’en aurons une idée à peu près claire que dans quelques années, voire plutôt, quelques décennies. Il est encore trop « tôt » pour en juger. Les figures qui nous posent problème ne sont centrées que sur la partie « historique » en noir, au début de la figure. De plus, il reste à définir ce que serait vraiment un échec : il est possible d’échouer à respecter l’objectif de l’accord de Paris en étant à +2,3 °C en 2100 par exemple, mais cela reste une sacrée évolution par rapport aux trajectoires « business as usual » qui mènent à +3 °C voire +4 °C. Et il y aurait fort à parier que ce résultat serait, au moins en partie, lié aux efforts encadrés par la gouvernance climatique.
L’article de Carbon Brief précédemment cité était justement dédié à la trajectoire de la courbe de Keeling dans le cas d’un scénario à +1,5 °C, qui induit une baisse forte, rapide et immédiate des émissions en vue d’atteindre la neutralité carbone aux environs de 2050. Le résultat à court et moyen terme serait le suivant :

L’article note que, suivant la réduction forte des émissions, l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère commencerait à ralentir, jusqu’à plafonner au début des années 2040, avant d’entamer une lente décroissance, tandis que la température se stabilise. La raison de la baisse de la concentration est double dans ce scénario : les puits naturels de carbone sont essentiellement responsables du début de la baisse, mais leur effet ralentit au fur et à mesure que les émissions se réduisent (voir la figure 5.25, AR6, groupe 1). Dans ce scénario (voir la figure SPM.4, ou cet article, Rogelj et al., 2018), des émissions négatives anthropiques globales prennent alors le relais des puits naturels durant la seconde moitié du XXIème siècle, permettant de faire baisser la température de l’ordre d’un ou deux dixièmes de degrés par rapport au pic de température. Il est important de noter que les scénarios, bien que reposant sur des hypothèses « cohérentes », ne sont pas assujettis à des probabilités ou un niveau de « réalisme », ce qui est impossible à évaluer : ils servent à explorer les conséquences de différents postulats sur le système climatique, les sociétés et les écosystèmes en tentant de couvrir un large éventail de futurs possibles. Ce sont des projections et non des prédictions (voir le glossaire du GIEC). Les émissions négatives sont nécessaires pour l’atteinte de la neutralité carbone, mais leur déploiement à grande échelle est l’objet de fortes incertitudes et de nombreux débats, notamment en raison des conséquences potentielles sur les usages des terres et la biodiversité (voir le rapport spécial dédié du GIEC), ainsi que l’utilisation d’énergie et de ressources.
En conclusion de cette section, nous pouvons affirmer qu’observer l’évolution passée de la concentration en CO2 dans l’atmosphère ne permet pas de conclure quant à la réussite, l’échec ou simplement l’utilité des COPs. La métaphore de Jean-Marc Jancovici avec « l’expérience » et la variable ne marche tout simplement pas, car ladite expérience est loin d’être terminée. De plus, le choix de la variable observée est critiquable : si l’on suit cette métaphore, pour observer une inflexion significative de la concentration de CO2 sur la période donnée, il aurait fallu que, dès les années 90 ou 2000, l’ensemble des pays s’engagent pour une réduction globale, rapide et drastique des émissions, de l’ordre de celle des scénarios à +1,5 °C, à une époque où les connaissances scientifiques n’étaient pas encore aussi établies, les technologies de décarbonation encore à leurs balbutiements, et les trajectoires climatiques étudiées et envisagées bien moins ambitieuses. Il faut aussi garder en tête que dans les scénarios à +1,5 °C, la courbe de concentration poursuit sa hausse pendant des années, atteignant un pic environ 25 ans après le début de l’atténuation des émissions (Meinshausen et al., 2020, figure 5). Également, pour pouvoir conclure quelque chose quant à l’utilité et l’efficacité des COPs en observant la courbe de concentration (ou même la courbe des émissions), il faudrait pouvoir comparer à un « contrefactuel », un monde sans COPs, sans Convention climat, sans gouvernance climatique et même sans GIEC. Il est difficile d’estimer ce à quoi pourrait ressembler ce type de trajectoire : serait-elle proche des scénarios « du pire » de type SSP5-8.5 ou SSP3-7.0, ou bien y aurait-il tout de même une atténuation des émissions liées à des efforts indépendants des pays ? Dur de le dire. Cependant, nous allons voir dans la section suivante qu’il est tout de même possible d’analyser plus en détail la trajectoire passée des émissions, et que les projections des émissions futures présentent des éléments significatifs quant à l’intérêt du processus onusien.
4. Émissions passées et trajectoires futures : des évolutions significatives et quantifiées
Nous aurions pu nous arrêter là et conclure « qu’on ne peut pas savoir », étant donné que la divergence entre les courbes de concentration de CO2 des différents scénarios se situe dans l’avenir – proche tout de même. En tenant compte des incertitudes au niveau des données, pour les scénarios SSPs (dont la divergence entre les trajectoires d’émissions commence en 2015), nous devrions être en mesure de pouvoir détecter une tendance au niveau de la concentration de CO2 dans la seconde moitié de la décennie en cours, comme le montre la figure suivante de Meinshausen et al. (2020) :
Cette étude est l’article de référence pour les concentrations des gaz à effet de serre des scénarios SSPs. Sur la figure, on observe à la fois des données historiques issues d’observations et des projections de la concentration de CO2 pour les différents SSPs en orange (hémisphère nord), noir (global) et bleu (hémisphère sud). Avec l’ensemble de scénarios d’atténuation du dernier rapport du groupe 3 du GIEC et à échéance 2050, cela donne ceci :

Figure de Glen Peters, qui s’inquiétait que le modèle climatique ici utilisé – MAGICC7 – pour projeter les concentrations des scénarios soit un poil haut par rapport aux observations (voir ici la figure correspondant aux émissions)
Sur cette figure, les scénarios des catégories C1 à C4 peuvent être considérés comme respectant l’objectif de l’accord de Paris, dans une vision « large » (jusqu’à + 2°C, et avec seulement 50% de chance pour la catégorie C4). Cependant, il existe un certain nombre de travaux qui permettent d’avoir une idée plus précise de l’évolution de la situation climatique, à la fois passée et pour le futur à court et moyen terme. Pour cela, nous allons passer à l’observation des émissions : la divergence entre les scénarios est plus précoce et bien plus forte entre les courbes d’émissions qu’entre les courbes de concentration, pour les raisons détaillées dans la partie précédente. L’une des FAQ du groupe 1 du GIEC le montre bien, avec deux scénarios distincts pour exemple :

Figure FAQ 4.2, Sixième rapport du groupe 1 du GIEC, chapitre 4
Observer les émissions permet ainsi d’étudier plus en détail les inflexions éventuelles, et de les comparer aux trajectoires des différents ensembles de scénarios. Le chercheur Glen Peters, l’un des plus grands spécialistes de ce sujet, a récemment mis-à-jour sa figure de suivi des émissions de CO2, par rapport aux scénarios passés :

Figure de Glen Peters, estimation des émissions de CO2 par rapport aux différents ensembles de scénarios
Au premier abord, on constate que les émissions, après avoir été plutôt vers le haut de la plage des scénarios passés, s’orientent désormais vers le milieu, avec une tendance vers une relative stabilisation. Cependant, quelques éléments pour interpréter cette comparaison : les scénarios en pointillés bleus, IS92, datent du second rapport du GIEC et représentent uniquement des scénarios sans politiques climatiques, aux différents postulats d’évolution des sociétés (économie, démographie, développement technologique, etc.). Idem pour les scénarios SRES, en vert, utilisés dans le troisième et le quatrième rapport. Les quatre scénarios RCPs datent du cinquième rapport du GIEC, publié en 2013-2014. Le scénario RCP4.5 représente un scénario de faible atténuation. Le scénario RCP2.6 est le premier véritable scénario d’atténuation, limitant le réchauffement à +2 °C. Que conclure de cette figure ? Tout d’abord, il ne faut pas oublier qu’il y a des incertitudes, à la fois dans la création des scénarios et des émissions associées aux postulats, et dans les observations. Ensuite, il est relativement normal que la trajectoire soit à peu près au milieu des ensembles de scénarios : c’est que les différentes générations de modélisateurs ont plutôt bien fait leur travail à l’époque, qui consiste à représenter les futurs possibles. On constate, sans trop de surprise, que la trajectoire ne s’infléchit pas autant que le scénario d’atténuation. Il semble également que l’on ne poursuive pas, ou plus, les trajectoires les plus élevées (sur ce sujet, voir la box 3.3 du groupe 3).
Est-ce que cela signifie que l’on a bel et bien mis en place des politiques climatiques, qui ont eu pour effet d’infléchir la courbe des émissions par rapport à une trajectoire « de référence » ? Plusieurs travaux semblent montrer que oui. Tout d’abord, dans le passé : Eskander & Fankhauser (2020) ont calculé la réduction des émissions liée à la mise en place de politiques climatiques nationales entre 1999 et 2016, soit juste après la signature de l’accord de Paris. Leurs résultats indiquent une réduction, insuffisante bien sûr, mais tout de même significative, des émissions, en particulier de CO2 :

Certes, comme nous le mentionnions précédemment, il n’est pas possible d’évaluer la part de réduction qui serait tout de même survenue sans les COPs et la gouvernance climatique. Il est possible que des pays eussent pris des mesures de leur propre chef, sans effort coordonné. Cela reste hautement spéculatif. Il est raisonnable d’envisager qu’une majeure partie des efforts d’atténuation passés et futurs sont liés à la mise en place du processus onusien de gouvernance climatique, qui a permis d’établir des connaissances, des objectifs, des trajectoires, des répartitions des efforts, etc. C’est l’une des principales conclusions de la synthèse des travaux scientifiques effectuée par le groupe 3 du GIEC, dans le résumé du rapport paru au printemps 2022 (paragraphe E.6, traduit par nos soins) : « La coopération internationale est un catalyseur essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux d’atténuation du changement climatique. La CCNUCC, le protocole de Kyoto et l’accord de Paris soutiennent les niveaux croissants d’ambition nationale et encouragent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques climatiques, même si des lacunes subsistent ».
Tournons-nous vers l’avenir maintenant : vers quel réchauffement nous dirigeons-nous actuellement ? Quelle évolution par rapport aux trajectoires précédentes ? Le rapport annuel de l’ONU sur « l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions » permet de voir les dernières tendances. La figure suivante, tirée du chapitre 4 du rapport complet, montre les trajectoires des émissions futures pour les politiques actuelles et les engagements des pays dans le cadre de l’accord de Paris, par rapport aux scénarios à +1,5 °C et +2 °C :
On constate tout d’abord une différence significative de la trajectoire actuelle, en bleu foncé, avec la trajectoire des politiques en place en 2010, accentuée par le Covid. Les politiques actuellement implémentées mènent désormais à une baisse assez lente des émissions après un pic en 2030, qui provoquerait un réchauffement d’environ +2,8 °C en 2100 (l’incertitude allant de +1,9°C à +3,3 °C). Les contributions des pays à échéance 2030 déclarées à la CCNUCC, si les politiques nécessaires pour les atteindre sont mises en place, abaisseraient légèrement ce chiffre à +2,4 °C, à la condition que les engagements d’aide financière des pays développés vers les pays en développement soient tenus. Si les engagements de long terme annoncés par les pays (de type neutralité carbone ou tous gaz à effet de serre à échéance 2050, 2060 ou encore 2070) sont tenus, l’élévation de température pourrait être limitée à +1,8 °C. Ceci reste encore hautement hypothétique : il y a deux écarts à combler, un écart d’engagements, notamment de court terme, et un écart d’implémentation de politiques climatiques. Ces chiffres sont cohérents avec le travail similaire effectué par Climate Action Tracker. Une figure de leur dernier bilan présente même explicitement l’impact de l’accord de Paris sur l’évolution des projections climatiques :

Ainsi, les politiques mises en place depuis l’accord de Paris permettraient une baisse de 0,9 °C par rapport à la trajectoire originale. L’effet de l’ensemble des engagements et objectifs de long terme serait de 1,5 °C. Il reste cependant beaucoup de travail pour continuer d’infléchir la trajectoire des politiques climatiques implémentées, qui est en quelque sorte la trajectoire « réelle » qui sera suivie, à la condition que ces politiques soient efficaces : cela laisse beaucoup d’incertitudes, et d’efforts à faire. Plusieurs autres organisations étudient ces tendances et trajectoires. La CCNUCC publie une synthèse des Contributions déterminées au niveau national en amont de chaque COP. L’Agence Internationale de l’Énergie, dans son rapport annuel (World Energy Outlook 2022), présente également une projection des émissions de CO2 liées à l’énergie :

Le scénario STEPS représente les politiques en place lors de la publication du rapport. On voit bien l’écart avec la trajectoire « pré-Paris », mais aussi avec les engagements annoncés (scénario APS) et le scénario à +1,5 °C de l’Agence (scénario NZE). Une équipe de chercheurs a également effectué une projection des engagements climatiques suite à la COP26, montrant qu’une implémentation rapide et totale de tous les engagements annoncés pourrait limiter le réchauffement juste en dessous de +2 °C (Meinshausen et al., 2022). La même équipe a récemment publié une mise-à-jour de ce travail, en le comparant aux autres projections. Leur note montre que si l’on tient compte des différences méthodologiques, les résultats des projections des différentes organisations sont cohérents. Tous mettent l’accent sur la nécessité de renforcer les engagements à horizon 2030, pour les aligner avec les trajectoires de long terme limitant le réchauffement nettement en dessous de 2 °C.
En résumé de cette section, il est clair que la situation évolue, et de manière significative. Nous ne sommes plus sur les trajectoires « business as usual » d’il y a une dizaine ou une quinzaine d’années, et la gouvernance climatique y est pour quelque chose. En particulier, l’accord de Paris et son mécanisme de renforcement des engagements a permis d’infléchir la trajectoire des émissions. Cependant, nous n’en sommes qu’au début des efforts et il reste de nombreux défis pour l’atténuation, en particulier au niveau national : il faut s’assurer que les politiques climatiques mises en place soient efficaces, il faut renforcer les engagements, en particulier ceux de court et moyen terme, et il faut mettre en place les politiques supplémentaires qui permettront de les atteindre. Enfin, il faut que les pays développés respectent leurs engagements en ce qui concerne les aides financières aux pays en développement. Ce qui nous mène à notre section suivante.
5. Adaptation, aides financières, pertes et préjudices, justice climatique : les autres sujets des COPs
Dans cette section, nous tentons de faire une courte synthèse des autres thèmes abordés durant les COPs, tout en soulignant leur importance. Car la gouvernance climatique, ce n’est pas juste la gestion de l’effort conjoint d’atténuation des émissions : c’est aussi et surtout la répartition des efforts au sein d’un monde inégal, le soutien – financier, technologique, etc. – aux pays en développement, la question des pertes et préjudices pour les pays les plus vulnérables, et, plus largement, un cadre pour tenter de faire appliquer les enjeux de la justice climatique.
L’inégale répartition des émissions de gaz à effet de serre et les inégalités de développement avaient mené à l’inscription du principe des « responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives » dans la Convention climat en 1992. Ce principe a été réaffirmé dans l’accord de Paris, dans le but de gérer collectivement le problème alors que certains en sont bien plus responsables que d’autres, tout en étant beaucoup moins vulnérables aux conséquences. C’est cette situation profondément injuste qui est aux origines de l’idée de justice climatique. Les COPs ont ainsi été le lieux de luttes âpres pour faire entendre les voix des pays et populations les plus touchés par les impacts actuels et futurs du changement climatique, alors qu’ils pèsent une part très limitée des émissions. Ces pays dits « en développement », regroupés en différents groupes, ont tenté au fil des années de pousser les pays développés à réduire en priorité leurs émissions, étant donné qu’ils étaient historiquement responsables, et que leur niveau de richesse leur permettait de le faire. Ils demandent également des aides financières pour leur propre atténuation, pour l’adaptation aux impacts et pour les pertes et préjudices qu’ils subissent et vont subir. Les pays développés, en particulier les États-Unis, ont longtemps renâclé à réduire leurs émissions, à accepter de contribuer aux aides demandées, et encore moins à « compenser » pour les dommages causés par leurs émissions. Ce bras de fer, analysé en détail dans le livre de Stefan Aykut et Amy Dahan, explique pour partie l’évolution difficile de la gouvernance climatique, et la complexité de la gestion du problème.
Ainsi, en parallèle de la question de l’atténuation des émissions, un certain nombre de sujets font l’objet de négociations et de sections dédiées dans les accords : la transparence (en particulier sur les déclarations des émissions, le GIEC ayant pour mission de produire des rapports méthodologiques sur le sujet), l’adaptation, les pertes et préjudices, le soutien (financier, technologique, de développement de capacités), ou encore les différents cadres de coopérations (marchés carbone par exemple). Pour chaque décision, par exemple la mise en place d’un fond d’aides financières, les négociations durant les COPs ont pour but de passer de la déclaration d’intention, généralement inscrite dans une décision précédente, à des mesures opérationnelles concrètes : c’est principalement l’objet des COPs « intermédiaires », succédant à la signature d’un accord important, mais aussi des nombreux événements ayant lieu durant l’année, entre deux COPs.
Le chapitre 14 du dernier rapport du groupe 3 du GIEC, dédié à la coopération internationale, décrit dans le détail le fonctionnement, l’évolution et les apports de la gouvernance climatique. La première phrase de son résumé est claire : « La coopération internationale a des résultats positifs et mesurables (degré de confiance élevé) ». Il mentionne également avec un degré de confiance élevé que la participation aux accords internationaux « est associée à l’adoption de politiques climatiques aux niveaux national et infranational, ainsi que par les acteurs non étatiques ». Les auteurs mentionnent ensuite les changements significatifs apportés par la signature de l’accord de Paris, tout en soulignant qu’il y a des débats quant à la réalisation de ses objectifs. Les sections dédiées du chapitre présentent de nombreux travaux qui analysent dans le détail les mécanismes de l’accord et les thèmes couverts par celui-ci. Le dernier point du résumé indique que la coopération internationale devra être renforcée afin de limiter l’élévation de température nettement en dessous de 2 °C. La figure ci-dessous illustre dans ce chapitre les principaux objectifs, éléments et mécanismes de l’accord de Paris :
Enfin, les membres des délégations des différents pays forment une minorité des participants aux COPs. Stefan Aykut et Amy Dahan décrivent dans « Gouverner le climat » ce qui est appelé le « off » des COPs, c’est-à-dire tout ce qui se déroule à côté des négociations officielles, comme le « poumon » du processus. Des centaines d’événements sur tout autant de sujets spécifiques liés à la thématique immense du changement climatique sont organisés par des entités diverses et variées, publiques et privées : gouvernements, organismes tels que le GIEC, laboratoires de recherche, think tanks, ONGs, et, bien sûr, entreprises. Cela comprend, malheureusement, un nombre important de représentants des industries fossiles. Plus largement, vis-à-vis du grand public, c’est une occasion de remettre le sujet climatique sur la table. Ainsi, les COPs font également partie des rares endroits où certaines populations, particulièrement vulnérables telles que les peuples autochtones, peuvent se faire entendre.
6. Conclusion : des progrès, encore beaucoup de chemin, et des incertitudes
Revenons-en à notre figure de la concentration de CO2 et des COPs et accords. Nous n’allons pas nous en cacher : celle-ci était en partie un prétexte pour se pencher sur l’évolution conjointe de la gouvernance climatique et des connaissances scientifiques, ainsi que sur les dernières mises-à-jour des trajectoires climatiques. Nous partions d’une figure et de discours qui représentent, d’une manière au mieux discutable, au pire franchement fallacieuse et problématique, l’efficacité et l’intérêt de la gouvernance climatique. Suite aux différents développements des sections de l’article, nous pouvons tirer quelques conclusions assez différentes quant à l’efficacité et l’importance du processus onusien aujourd’hui en place :
– La gouvernance climatique est un processus lourd, lent et complexe, mais qui a offert un cadre de négociations pour gérer le problème du changement climatique, en donnant une voix à tous et en reconnaissant des niveaux très différents de responsabilités vis-à-vis des émissions et de vulnérabilité face aux impacts, permettant dès les années 90 de faire émerger la notion de justice climatique, aujourd’hui centrale ;
– Bien qu’il soit trop « tôt » pour juger de l’échec ou du succès – qui restent à définir précisément – de la gouvernance climatique, il y a d’ores et déjà des quantifications significatives des efforts menés dans la lutte contre le changement climatique, aussi bien au niveau des émissions passées que des trajectoires futures, qui s’éloignent de plus en plus des scénarios « business as usual » et montrent de nets progrès ;
– Il reste cependant beaucoup de travail pour s’assurer de respecter l’objectif « ultime » de la Convention et les objectifs de l’accord de Paris : il faut relever les engagements, en particulier ceux de court terme, et mettre en place les politiques qui permettront de les atteindre,
– Il y a également énormément de travail à la fois en cours et à faire sur les autres sujets que l’atténuation : l’adaptation bien sûr, mais aussi les aides financières, les transferts technologiques, la question des pertes et préjudices, les accords sectoriels (par exemple pour la déforestation, ou sur le méthane), etc.,
– Enfin, il ne faut pas oublier que les incertitudes sont élevées : il y a des incertitudes au niveau des projections des trajectoires d’émissions par les modèles en fonction des scénarios étudiés, puis des incertitudes au niveau de la réponse climatique à ces trajectoires ; et, bien sûr, une incertitude quant à la trajectoire qui sera effectivement suivie par les sociétés humaines.
Il faut bien comprendre que le changement climatique est un combat qui s’étale sur des décennies, demandant de maintenir la pression à toutes les étapes : il faut lutter pour obtenir des engagements et pour qu’ils soient à la hauteur, il faut ensuite lutter pour que des politiques adéquates soient mises en place pour les atteindre, puis il faut assurer un suivi et ajuster si besoin, tout en continuant de lutter pour éviter tout retour en arrière. Et il faut également lutter pour que tout ceci se fasse de manière équitable et juste. Une partie de ces luttes se joue durant les COPs, en particulier lors des bilans des efforts comme durant le Global Stocktake qui aura lieu à la COP28. Désormais, avec un cadre global établi, une majeure partie du travail se joue au niveau national et local, pour la mise en place de politiques climatiques d’atténuation et d’adaptation.
Le message insinuant que les COPs ne « servent à rien » est à la fois faux et problématique : non seulement il masque de vraies évolutions, mais en plus il ignore les nombreuses luttes qui se jouent dans ces enceintes, en particulier celles des populations les plus vulnérables telles que celles des Petits États insulaires en développement et des peuples autochtones. Pour des populations entières, leur avenir se joue durant les négociations qui y ont lieu, en particulier sur les questions des aides financières pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et préjudices. De plus, l’architecture de l’accord de Paris est celle d’une prophétie auto-réalisatrice, pour reprendre les termes de Laurence Tubiana : l’avenir n’étant pas écrit, plus on s’engage et plus on lutte pour aller dans une certaine direction, plus on a de chances de poursuivre une trajectoire qui s’en rapproche. C’est en partie pour cela que le chercheur Stefan Aykut parle de « gouvernance incantatoire ». Le problème, c’est que cela marche dans les deux sens : plus on dit que cela ne sert à rien, moins on fait d’efforts, et moins on a effectivement de chances d’infléchir la trajectoire des émissions.
Les communicants, vulgarisateurs, influenceurs et journalistes traitant du changement climatique ont donc une véritable responsabilité à ce sujet : il est fondamental de faire comprendre la complexité du régime climatique, en explicitant les raisons des blocages (par exemple, dans le cas du retrait américain de Kyoto), les relations entre pays et groupes de pays, les rapports de force, les questions de responsabilité et, plus généralement, de justice climatique. Ils doivent également faire part des progrès lorsqu’il y en a, en émettant de nécessaires réserves quant à leur portée et explicitant les efforts restant à faire. Heureusement, nombre d’entre eux font d’ores et déjà très bien le travail, comme nous le verrons à titre d’exemple dans la section suivante.
Bonus : Jancovici, les COPs et les médias
Lors de la rédaction de cet article, nous avions simplement prévu de mentionner que Jean-Marc Jancovici présente régulièrement sa figure sur la concentration de CO2 et les COPs. Cependant, en réécoutant ses propos durant ses conférences, il nous a semblé important de revenir plus en détail sur ceux-ci concernant la gouvernance climatique. Jean-Marc Jancovici ne se contente pas de dire que les COPs ne servent à rien, comme nous le mentionnions dans la première partie. Il décrit un fonctionnement de cette gouvernance pour le mieux simpliste, et un certain nombre d’éléments qu’il présente sont factuellement faux.
Tout d’abord, en présentant sa figure et dans la plupart des conférences, il ironise sur le fait que certaines COPs ont été qualifiées de « succès » (la première, celle du protocole de Kyoto, celle de l’accord de Paris), une autre « d’échec » (celle de Copenhague).
Capture d’écran de la conférence de Jean-Marc Jancovici à l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP), septembre 2020
L’augmentation de la courbe de concentration lui permet de dire que toute cette agitation n’a pas d’intérêt, et que toutes ont été des échecs. Comme nous venons de le voir dans les parties précédentes, la réalité est un peu plus compliquée que ça : il n’a pas été acté ni en 1992, ni en 1997, ni en 2015 que l’ensemble des pays du monde allaient réduire leurs émissions drastiquement et atteindre la neutralité carbone dans les années qui suivent, ce qui aurait pu avoir un résultat clairement visible sur une courbe de concentration de CO2 à l’échelle temporelle qu’il représente. Mais Jean-Marc Jancovici ne s’arrête pas là, car sa « démonstration » lui permet en plus de critiquer les journalistes et les médias : « Le résultat d’une COP, c’est très exactement ce que le journaliste a envie d’en dire », déclare-t-il à l’EIVP en 2020, des propos similaires à ceux tenus à l’EPFL. Dans sa conférence de 2019, il déclarait que « ça n’a aucune espèce d’importance, ce que la presse dit sur une COP ». Comme dans d’autres interventions, pour appuyer ses propos, il prend l’exemple de la COP15 de Copenhague, qualifiée d’échec, où il s’était rendu :
« Copenhague j’y étais, j’y étais pendant les quinze jours, je peux vous dire que c’était tout sauf un échec – par rapport aux autres COPs -. Les 2 °C datent de Copenhague. Ce n’est pas à Paris que les 2 °C ont été entérinés, c’est à Copenhague. Et c’est parce que monsieur Jadot et consorts se sont pavanés devant les caméras en disant que c’est un échec parce qu’ils étaient vexés comme des poux de ne pas avoir été associés à la décision, c’est à peu près comme ça que ça s’est passé, que la presse a retenu que c’était un échec. Mais ce n’était pas du tout un échec. Enfin, relativement aux autres. Après ce sont toutes des échecs, puisque ça augmente tout le temps [CF la figure de la concentration de CO2]. »
Nous en parlions précédemment, il est vrai que les 2 °C ont été mentionnés pour la première fois dans une déclaration issue d’une COP à Copenhague. Cependant, Jean-Marc Jancovici réécrit littéralement l’histoire ici : si les médias ont parlé d’échec, c’est parce qu’ils retranscrivent et transmettent les paroles de personnes présentes à la COP, diplomates, représentants politiques, experts, activistes, etc. Bien sûr, tous ne disent pas tout-à-fait la même chose, et c’est d’ailleurs le rôle des journalistes que de transmettre ces différents points de vue. Mais dans le cas de Copenhague, il y a une assez forte unanimité quant à l’échec de la conférence. Stefan Aykut et Amy Dahan y consacrent un chapitre complet dans « Gouverner le climat », le n°8, intitulé « Le choc de Copenhague, la régression du climat ». Cette conférence était censée accoucher d’un nouvel accord prenant le relais du protocole de Kyoto, qui était limité aux pays les plus développés et dont la période couverte se terminait en 2012. Les espérances étaient probablement trop élevées en amont, mais le résultat final a été très décevant : une trentaine de pays – représentant les plus gros émetteurs, et en présence d’une partie de leurs chefs d’Etats – ont rédigé de leur côté et au dernier moment un accord « minimaliste » qui entérine certes le 2 °C, mais ne mentionne « aucun engagement chiffré d’objectifs de réduction, aucun mécanisme contraignant ou aucune mesure de vérification », et n’assigne pas d’horizon temporel. Fait rare, le texte final n’est pas formellement accepté par les Parties de la CCNUCC, qui en ont seulement « pris note ». Certains, ayant participé aux négociations, estiment même que l’accord signé était « une tentative désespérante de masquer l’échec » de la conférence (Dimitrov, 2010). Pour plus de détails sur les positions des différents pays et blocs de pays, sur le rôle de la société civile, sur l’histoire du seuil de 2 °C et sur les conséquences de ce qui a été surnommé « Flopenhagen », nous vous renvoyons au chapitre dédié de « Gouverner le climat ». Il est à retenir que la gouvernance climatique a presque « touché le fond » à ce moment, et a entamé une remise en question importante qui aura permis de mener à l’élaboration de l’accord de Paris. On peut d’ailleurs comprendre pourquoi, partant de là, Paris a été qualifié de « succès » : l’accord a scellé des objectifs, des engagements concernant l’ensemble des Parties, un mécanisme de renforcement et de suivi, et a établi des cadres pour les autres sujets tels que l’adaptation ou les aides financières. Ainsi, non seulement le récit de Jean-Marc Jancovici est à l’encontre de la plupart des spécialistes et experts sur le sujet, mais en plus, on ne peut reprocher à la presse de retranscrire ce que lesdits experts ainsi que les membres des délégations, les scientifiques, et les activistes présents déclarent aux journalistes. Il fustige Yannick Jadot dans l’extrait cité précédemment (et « les ONGs » dans d’autres), alors que celui-ci avait plutôt raison dans ses critiques, déplorant à l’époque durant les négociations le risque d’un « mauvais accord », « avec de mauvais chiffres bourrés d’échappatoires et de magouilles ». Au final, il n’y aura même pas eu de chiffres de réduction des émissions dans l’accord final. On peut comprendre la forte critique des organisations écologistes à l’issue de la conférence.
Et ce n’est pas fini : perçu et présenté comme un expert de la question climatique, Jean-Marc Jancovici est régulièrement amené à s’exprimer dans les médias. Il tient notamment une chronique sur RTL, durant laquelle il était récemment amené à expliquer pourquoi la COP27 n’était « pas un succès ». Sa courte chronique rassemble l’essentiel des éléments problématiques que nous avons analysés précédemment. À la question de savoir si la conférence était un succès ou un échec, il répond :
« Ça dépend du sens du vent et de l’âge du capitaine. J’étais personnellement à la COP de Copenhague en 2009 et c’est la seule COP qui a été un vrai succès, de mon point de vue puisque l’objectif politique des 2 °C date de Copenhague. La clause des dommages date de cette époque là. Et ça s’est fait parce que dans la nuit du jeudi au vendredi de la deuxième semaine, alors que les négociations patinaient comme d’habitude, un certain nombre de chefs d’Etats, dont Nicolas Sarkozy, se sont réunis dans une pièce et ils ont sorti ce sur quoi ils étaient d’accord sur deux pages. C’est la seule fois où le processus n’a pas été onusien et c’est la seule fois où on a accouché de vraies décisions. »
Et de conclure :
« Ça n’est jamais vraiment un succès parce que quand on regarde comment les émissions et la concentration de GES dans l’atmosphère ont évolué après les COPs, ça n’a absolument rien changé par rapport à l’époque où il n’y avait pas de COPs ».
Il y a plusieurs choses à dire :
– Il est faux de dire que Copenhague a été un succès, pour les raisons que nous avons vues précédemment ;
– Il est faux de dire que la « clause des dommages date de cette époque là [de Copenhague] » : comme le montre l’article détaillé de Carbon Brief sur l’histoire des négociations pour les pertes et préjudices au cours des COPs, les pays les plus vulnérables, c’est-à-dire surtout les Petits États insulaires en développement, luttent depuis plus de trois décennies sur ce sujet ; en 2009, les références pour un mécanisme de gestion des pertes et préjudices ont été retirées de l’accord, essentiellement en raison des États-Unis et de l’Union européenne (Vanhala & Hestbaek, 2016) ;
– Il est vrai que l’accord de Copenhague a été rédigé en partie par des chefs d’Etats et que c’est une exception dans le processus onusien, en revanche, il est faux de dire que cela « a accouché de vraies décisions » : toutes mentions d’objectifs quantifiés de réduction des émissions ont été supprimées durant les négociations, le travail effectué en amont par des délégations pour préparer l’accord a été mis à la poubelle durant la deuxième semaine de la COP (un moment de bascule), ce qui a obligé les dirigeants à repartir de zéro en urgence – alors que leurs négociateurs spécialisés sur les différents sujets préparent normalement le terrain en amont -, afin de limiter les dégâts et de sauver la face en ayant tout de même une déclaration (Dimitrov, 2010) ;
– Nous venons de détailler dans les sections précédentes le problème de la démonstration tirée de la courbe de concentration de CO2 ; on peut d’ailleurs se demander pourquoi est-ce qu’il continue de présenter les choses de cette manière, car il sait très bien ce que donnent les courbes de concentration de CO2 des scénarios d’émissions, et qu’une analyse de l’effet des politiques climatiques sur une échéance si limitée ne devrait pas se faire au niveau de la concentration.
Alors certes, la COP27 n’était pas tout-à-fait un succès, ni tout-à-fait un échec. Mais pour le comprendre plus en détail, il vaut mieux s’informer autrement qu’auprès de Jean-Marc Jancovici. Il est même fort probable que vous serez bien mieux informés sur les COPs, leur histoire, leur fonctionnement, leurs enjeux et ce qu’il s’y passe en lisant les médias qui font un excellent travail sur le sujet, et pour certains, depuis des années. Audrey Garric fait par exemple une couverture formidable du changement climatique et ses enjeux pour Le Monde (voir sa couverture de la COP27 ici et ici), tout comme Thomas Baïetto sur Franceinfo (ici, ici). Libération fait également un excellent travail (ici, ici), Ouest-France (ici), The Conversation (ici, ici), la liste est longue. Enfin, pour une présentation détaillée de la gouvernance climatique, son fonctionnement et ses évolutions, nous vous recommandons l’ouvrage de référence cité tout au long de cet article « Gouverner le climat ? 20 ans de négociations internationales » de Stefan Aykut et Amy Dahan. L’interview d’Amy Dahan par Paloma Moritz de Blast suite à la COP26 est également très complète.
Nous remercions les relecteurs de cet article pour leur aide : Paul Mauger, Paul Valcke.